Connaissez-vous les techniques de pêche à Tahiti ? Partons à la découverte de ces pêches à travers ces quelques lignes. Un certain nombre est issu de techniques ancestrales puis améliorées au fil du temps. Tandis que de nouveaux moyens sont arrivés avec les outils modernes. Cette activité connaît un bel essor. D’une part elle est un mode de vie et d’autre part, une nouvelle découverte pour les pratiquants.

Un peu d’histoires… Les Polynésiens sont à l’origine des navigateurs et voyageaient d’île en île. Leur nourriture venait également de la pêche et a toujours été un des principaux moyens de subsistance. D’ailleurs, ces précurseurs de la pêche exotique ont développé des techniques adaptées à leur environnement. Ce savoir se transmet à l’oral principalement et on utilise aujourd’hui la pêche traditionnelle dans ce respect. Bien sûr, avec les adaptations apportées par la modernité, elle reste un symbole de la société et un art de vivre.

Les techniques de pêche traditionnelles à Tahiti et ses îles

La pêche aux cailloux de l’île de Maupiti

La pêche au caillou est une technique ancestrale dans la culture Polynésienne. Elle fait partie de son patrimoine et est pratiquée uniquement pendant de grandes occasions. Son organisation se fait des mois à l’avance pour déterminer les points de pêche. De plus, il faut respecter un rituel orchestré par un maître de cérémonies épaulé par un conseil. Et surtout, elle permet de réunir la communauté à cette occasion.

technique pêche aux cailloux
Pêche au caillou

C’est une pêche qui se pratique dans le lagon dans la zone définie. En amont, on prépare un filet ou rau fait à base de ni’au ou palme de cocotier. Ensuite on fend chaque palme en deux pour l’assembler par dizaines. La longueur finale est d’au moins un kilomètre (1 km) et un nombre suffisant de participant devront le tirer. Après quoi, une flottille de pirogue se positionne aux extrémités de la zone pour rabattre les poissons. Leur mission consiste à frapper la surface de l’eau à l’aide de cailloux attachés par une corde. D’où le nom de pêche aux cailloux.

Dans l’heure qui suit l’opération de rabattement, ils envoient le filet à l’eau pour encercler les prises dans une eau très peu profonde. Les poissons se retrouvent piégés par une masse verte de végétaux et une multitude de personnes. La pêche se fait à l’aide de harpons ou on attrape à la main le poisson. En enfin, on distribue le fruit du labeur entre tous les participants.

La pêche au mārara

technique pêche au mārara
Fuite du mārara face à un espadon en illustration

Autre pratique de pêche exotique à Tahiti et ses îles, la pêche au mārara ou exocet. Pour ceux qui ne le connaissent pas, l’exocet est un poisson volant. Il se projette hors de l’eau et il plane à la surface grâce à ces nageoires pectorales très longues. À la manière d’ planeur et donc c’est son moyen de défense contre les attaques de prédateurs. Les Polynésiens utilisent cette particularité pour l’attraper au vol littéralement.

Tout d’abord, c’est un poisson qui se pêche de nuit. Autrefois ils s’éclairaient de torches, aujourd’hui on emploie des projecteurs électriques. On le surprend à la surface de l’eau dans son sommeil tandis que le pêcheur utilise son épuisette pour l’attraper. Cela requiert une certaine habileté à manier son bateau et tendre sa perche. Cette contrainte a amené les pêcheurs à créer un bateau en son nom le poti mārara. Il manie grâce à un manche de direction d’une main et la manette d’accélérateur ou son épuisette de l’autre.

Afin d’en faire profiter les gourmands, le poisson est vendu en tui ou paquet en bordure de route le matin.

La pêche avec ligne et hameçon

Traditionnellement la pêche avec ligne et hameçon requiert toute une inventivité de la part des pêcheurs de l’époque. N’ayant à leur disposition que des matériaux naturels, ils étaient fait à base de fibre végétale, coquille de nacres, bois et os d’animaux. À partir de cette matière première, ils pouvaient confectionner leurs mats ou hameçon. De plus ils leur arrivaient d’en équiper plusieurs une même ligne d’y attacher une pierre à l’extrémité.

hameçon traditionnel pêche tahiti
Matau ou hameçon traditionnel (@Tahiti.tv)

Les appâts sont quant à eux constitués de tout ce qui existe dans la chaine alimentaire de la faune aquatique. On retrouve ainsi dans cette liste mollusque, crustacés, céphalopodes et poissons soit entiers ou soit découpés. Ils employaient leur équipement et leurs appâts généralement sur la bordure récifale. À l’aide de leur pirogue, ils pouvaient pêcher à la ligne en mer en suivant les instructions de leurs experts. Bien sûr, en s’aidant d’une canne faite de bois ou autres végétaux, ils pêchaient comme le ferait tout pêcheur moderne au bord de l’eau. Pour en connaitre un peu plus, je vous mets un lien vers des techniques ancestrales ici.

Avec la modernisation, les matériaux ont d’abord évolué tandis que la technique reste souvent la même. Elle a fait preuve d’efficacité et cela se vérifie encore aujourd’hui.

Pêche exotique sur Tahiti, les techniques de nos jours

En voyant ces quelques exemples de pêche traditionnelle, on apprend d’abord les origines de la pêche exotique. Quelles sont les techniques les plus démocratisées à ce jour ? Par la suite, de nouveaux modèles et autres pratiques dérivées se sont développés. Tant au niveau du matériel, des matériaux ou des techniques en elle-même. Découvrant ensemble cela dans la suite de cet article.

Pêche au mahi mahi en poti mārara

Tandis que la pêche aux cailloux ne change pas fondamentalement. La pêche au mārara et en particulier le poti mārara, bateau inventé en conséquence, apporte de nouvelles possibilités. En effet, ce navire est devenu le moyen de pêche au mahi mahi ou dorade coryphène par excellence. Tout d’abord, sa force réside dans sa console de pilotage située à l’avant au centre offrant une vue dégagée et surélevée au pilote. Grâce à son « manche à balai » à basculer à la manière d’un avion, il est conçu pour être maniable. Il procure ainsi une bonne liberté de mouvements avec une conduite simple.

pêche au mahi mahi
Mahi mahi ou dorade coryphène

Pourquoi ce bateau est-il adapté à la pêche au mahi mahi ? On ne parle plus de pêche mais de chasse. D’ailleurs ce poisson a une particularité quand il est poursuivi : il ne plonge pas. Grâce à cette connaissance de l’animal, les pêcheurs amenèrent une variation en poursuivant le mahi mahi avec son bateau. La bonne maniabilité permet de répondre aux changements brusques de direction. Alors que le « chasseur » est libre de son autre main pour se saisir d’un harpon et le lancer à tout moment.

C’est une pêche très sportive et c’est l’aboutissement d’une course-poursuite. Mais avant tout, c’est la connaissance du pêcheur qui est primordiale avant la dextérité. En effet, il repère le cap à prendre avec son expérience de la mer et de la faune.

Pêche au poito en pleine mer

La pêche au poito ou à la bouée est une technique adaptée de celle ligne et l’hameçon connue traditionnellement. En particulier, après la phase d’attaque, ils devaient retenir leur prise à la main. Il commence alors un long combat qui épuise à la fois le poisson et le pêcheur. Le principe est adapté à celui-ci employé à l’époque : on installe un appât sur l’hameçon qui est maintenu par une ligne. Un poids entraine le leurre par le fond tandis qu’à la surface, la ligne est maintenue par la bouée.

Grâce à l’utilisation de la technique au poito, les avantages sont nombreux :

  • on ne sollicite plus constamment la force des bras tout le long de la pêche
  • utilisation de plusieurs bouées en même temps
  • zone de pêche plus élargie
  • économie sur l’utilisation de son carburant

Pêche à la traine

Le principe, rappelons-le, est le suivant : on attache un leurre à sa ligne que l’on traine avec un bateau. C’est une technique très répandue dans le monde de la pêche au gros. Les sensations sont garanties dès que le poisson est au rendez-vous. Il y a deux techniques de pêche à la traine répandue à Tahiti, soit avec une canne ou soit à la main. D’ailleurs la pêche en tirant sa prise offre de belles sensations à condition d’avoir une bonne paire de gant. Alors qu’à la canne, il faut privilégier du matériel lourd car vous ne savez jamais si un monstre venait à taper.

Même si c’est souvent une question de chance, certains signes permettent de repérer les bancs. En effet, les pêcheurs aguerris reconnaissent les différents oiseaux car ils suivent leurs déplacements. Les professionnels savent déterminer quel type de poisson se trouve à tel endroit en fonction des oiseaux alentour. De plus des dispositifs de concentration de poisson – DCP sont mis à l’eau et attirent ces espèces pélagiques. Ce qui permet d’augmenter davantage leur chance en pêchant dans les alentours.

Les DCP flottant sont des structures où se logent tout un écosystème abritant les plus petits. Cela attire les plus grosses espèces entrant dans la chaine alimentaire des thonidés ou autres gros poissons de haute mer. (pour en savoir plus cliquez ici)

Les techniques de pêche réadaptées et adoptées pour l’exotisme

De nouvelles techniques sont apparues ses dernières années et sont le résultat des expériences et aussi de coups de chance. Les techniques de pêche suivante ont été développés par des Japonais et sont adaptées au milieu à Tahiti.

La pêche verticale speed jigging

Elle tire son origine dans le Pacifique et a surtout été modernisé au pays du soleil levant. Nombreux sont ceux qui pratique cette pêche et l’engouement est grandissant car sa pratique est très accessible. En outre, l’apprentissage est reste simple et les belles prises sont assez nombreuses. Adapté pour des pêches de moyenne à grande profondeur (20 à 150 m), il est nécessaire d’avoir une embarcation. Appelé aussi pêche à la verticale, le speed jigging ous fast jigging est une technique active et demande un peu d’endurance.

Son principe : lâcher son leurre à la verticale, dès qu’il touche le fond vous commencer l’animation suivante. La canne calée sous votre bras en position horizontale au plan d’eau, soulevez la canne en maintenant l’horizontalité. Dès que vous baissez le bras, donnez un tour de manivelle (exemple dans cette vidéo à 7:47).

Grâce à ces mouvements de haut en bas, le leurre en métal est comme vivant. Les prédateurs sont très friands de cette animation et peuvent atteindre des poids au-delà de 20 kg !

Le matériel a été adapté avec des cannes à long talon, sont plus robustes et très légères. De même que les moulinets ont plus de freins avec moins de poids et même la robustesse n’a pas été sacrifiée. Les leurres ont différentes formes, très hydrodynamiques ce qui permet de passer facilement les couches d’eau.

Ma technique de pêche pour Tahiti : à la verticale en slow jigging

slow jig technique pêche tahiti
Slow jigging en kayak

Une autre technique de pêche à la verticale et toujours originaire du Japon, elle a vu le jour dans les années 2010. Le créateur de cette pêche Monsieur Norihiro Sato a aussi mis au point les mouvements clés qui définissent la pratique telle que les variations en slow pitch et high pitch. L’approche est fondamentalement très différente du speed jigging.

En effet, contrairement à l’animation très rapide, le but est d’imiter une proie facile à attraper. En faisant des temps de pause entre les coups de manivelle, le leurre « flotte » entre deux eaux. C’est souvent à ce moment que l’attaque se produit. De plus, c’est la forme du leurre qui amène ce mouvement. Il est conçu de sorte à ce qu’il puisse rester en suspension à la coulée. Tandis que la canne est devenue très flexible pour permettre de créer cette animation particulière.

Sa pratique reste très facile et permet d’économiser son énergie sur de longues sessions.

Mon avis final

Les techniques de pêche à Tahiti issue de la tradition ont su traverser le temps. Leur efficacité n’est plus à démontrer. Car en effet, la parfaite connaissance du milieu environnant permet aux pêcheurs de se positionner comme il le faut. À l’aide des nouveaux matériaux et autres techniques tels que le jig, la pêche exotique connaît un bel essor. Cela reste très accessible pour un débutant et permet de passer de bons moments pour les plus acharnés.

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2 thoughts on “Entre savoir et techniques de pêche à Tahiti

  1. Salut Manarii,

    Toujours aussi intéressant pour quelqu’un qui ne connait pas la pêche.

    Ça m’a fait sourire de voir qu’il y a des techniques pêches venues du Japon, qui sont utilisées à Tahiti.

    A+

    Benoit

    1. Salut Benoit,

      C’est avec plaisir. Et oui les techniques les plus utilisées sont souvent d’origine Japonaise.

      A bientôt 😉

      Manarii

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